Les abrasifs

C’est la méthode la plus ancienne d’entretien hivernal, qui a retrouvé un regain d’intérêt ces dernières années, stimulé par les discussions sur les problèmes d’environnement. Dans les régions où les hivers sont rigoureux avec de longues périodes de fortes chutes de neige, par exemple dans le Nord de la Scandinavie ou dans les Alpes, cette technique a toujours conservé son importance.

Le matériau est formé de granulats broyés dont les particules doivent avoir des arêtes aussi vives que possible. On emploie des résidus industriels comme les sables et graviers. Le calibre des particules est généralement compris entre 1 et 5 mm et, dans certains cas, on spécifie la limite de 8 mm. Pour des applications sur de la neige compactée, des calibres plus importants sont souhaitables. Les zones verglacées sont plus efficacement traitées avec un matériau plus fin. Toutefois, une attention particulière doit être accordée au calibre le plus approprié : des calibres trop petits sont susceptibles d’être enlevés par le vent et des calibres trop gros peuvent endommager les pare-brise des véhicules.

On préfère des matériaux résistants sans matières organiques ou mélanges nuisibles à l’environnement (par exemple combinaison de métaux lourds solubles). Cependant, les abrasifs peuvent être mélangés avec du sel. Une telle décision est du ressort du responsable d’intervention. Cette méthode évite que les abrasifs gèlent ou collent ensemble.

La réintroduction de la technique des abrasifs, démarrée dans les années 1980, a permis de découvrir qu’en matière de sécurité, la conscience et les attentes des conducteurs habitués à des chaussées dans un excellent état grâce au salage, avait évolué entre temps et que la technique de sablage ne donnait plus entière satisfaction. Il n’est donc pas surprenant que le sablage soit surtout appliqué en zone urbaine et rarement en dehors. De toutes façons, ceci vaut pour des conditions climatiques où le manteau neigeux ne disparait pas et des régions où les pneus à clous sont proscrits.

Une série d’essais contrôlés ont été entrepris, ils démontrent que la performance des matériaux abrasifs est bien moindre que celle du sel et qu’ils ne peuvent prétendre à se substituer à lui sur les axes à grande vitesse ou les routes supportant un volume élevé de trafic. Ceci vaut aussi pour les carrefours importants en agglomération ou les endroits de circulation parfaites s’imposent pour les véhicules de transport en commun. En dépit de ces restrictions, il n’en reste pas moins que dans les villes on trouve le champ d’application préféré pour la technique temporaire des abrasifs.

L’avantage du recours aux matériaux abrasifs est l’absence totale de substance chimiquement actives affectant l’environnement. Il ne faut cependant pas sous-estimer leurs inconvénients qui leurs sont attachés. Les matériaux de sablage sont moins efficaces, il faut en appliquer des quantités plus importantes et répéter les applications plusieurs fois par jour. On fait en général état de densités d’épandage variant de 50 à 300 g/m².


De grosses quantités de produits s’accumulent ainsi sur les zones dégagées qu’il faut ensuite enlever à la fin de l’hiver au plus tard. Il peut arriver que ces produits représentent une charge pour les systèmes d’évacuation des eaux et les usines de traitement. Il n’est pas toujours possible de nettoyer et de réutiliser le produit ou de le vendre à des entreprises de construction. De même, les piétons ne réagissent pas nécessairement avec enthousiasme à l’inconfort de marche sur des particules à angles vifs ou des débris durs qui abîment les chaussures.

Autre inconvénient, il est courant de voir les abrasifs prendre en masse dans les épandeuses. Cette pratique supplémentaire a déjà amené certains services à abandonner la technique des abrasifs malgré des tentative de chauffage au préalable du matériau.

Enfin, l’accroissement des coûts de service hivernal est considérable. Ce type de pratique d’entretien hivernal revient beaucoup plus cher que le salage. Les économies ne peuvent résulter que de restriction du service offert, c’est à dire moins d’opérations. Ceci se fait soit en modifiant l’ordre de priorité ou plus simplement en répandant moins de produit, en le faisant moins souvent et en acceptant un abaissement du niveau de sécurité.

Pour en savoir plus : Journée technique : L’intégration des contraintes environnementales dans l’exploitation hivernale des chaussées
Voir : Quelles solutions substitutives pour une viabilité hivernale plus respectueuse de l’environnement ?

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