Quels crédits accorder aux arguments de vente ?

Le contexte de développement durable nous oblige aujourd’hui à reconsidérer les fondants routiers. La question n’est pas nouvelle mais prend un sens nouveau avec la volonté d’intégrer cette notion dans l’ensemble de nos démarches et pratiques. Le fondant routier idéal est souvent opposé au chlorure de sodium accusé notamment d’impacter fortement les milieux naturels. Les gestionnaires ont à s’en inquiéter : comment en effet protéger l’environnement tout en assurant la sécurité des usagers et en garantissant la mobilité des biens et des services ?


Aussi, le fondant routier idéal, tel que présenté commercialement, protège l’environnement, est non corrosif, optimise l’épandage, …
Toutefois, le développement durable propose une approche plus globale considérant l’ensemble des éléments de la viabilité hivernale. Par exemple, et sans exhaustivité, ces éléments peuvent être la production et la distribution à coût environnemental réduit, l’achat éco-responsable, la conservation des qualités intrinsèques des produits, l’adaptation du fondant routier au matériel d’épandage et le contrôle régulier de ces derniers, la formation des personnels, l’adéquation entre les consignes de traitement et le phénomène à traiter, la réduction de l’impact sur la faune et la flore, etc.

Trop souvent la notion de fondant routier idéal se réduit à la conformité du critère DCO/DBO5* du projet de norme NF P 98-181. Des investigations ont été menées sur un produit à base de chlorure de sodium solide additivé de substances dérivées de l’industrie alimentaire. Certes, le critère DCO/DBO5 de l’additif est conforme (<5), mais l’impact environnemental ne doit pas se réduire à ce seul critère : le conditionnement de l’additif nécessite l’emploi de citernes ou de containers, le fondant routier doit être préservé dans des sacs étanches et résistants au UV, et c’est sans compter sur le confort des usagers qui doivent user de lave-glace contre les projections noirâtres des véhicules avant.
Les résultats sur la corrosion sont également affligeants : l’additif est environ six fois plus corrosif que le chlorure de sodium sur l’acier à concentration maximale**. Ca laisse songeur pour un fondant dont un des arguments de vente est la réduction de la corrosion.

Ces considérations ne doivent pas signifier qu’il faut s’en tenir au chlorure de sodium en grain ou en bouillie sur le domaine routier. La recherche scientifique d’un remplaçant répondant aux préoccupations actuelles ne doit pas être un argument pour recycler des déchets industriels. La prudence est donc de mise.

* DCO/DBO5 : Ce critère évalue la biodégradabilité du produit, d’une part, par la détermination de la demande chimique en oxygène (DCO) et la demande biochimique en oxygène à 5 jours (DBO5)
Les exigences minimales pour les produits sont : DCO/DBO5<5
Cette disposition ne s’applique pas si la DCO et/ou la DBO5 sont non mesurables ni aux produits couverts par la norme NF P 98-180.

** Tests réalisés conformément à l’annexe D du projet de norme NF P 98-181

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