Séminaire international AIPCR sur la viabilité hivernale

Séminaire Aipcr de Viabilité hivernale Santiago du Chili du 4 au 7 juin 2013. « Opérations de viabilité hivernale en haute montagne et en zones extrêmes »

Plus certainement que l’histoire elle-même, c’est la géographie qui a présidé à la configuration actuelle du Chili. La Cordillère des Andes apparaît en effet comme une barrière difficilement franchissable, de parfois presque 7000 m d’altitude, jouant le rôle de frontière avec le Pérou au nord, la Bolivie et l’Argentine à l’est.
Coté ouest c’est le pacifique avec son courant froid de Humbolt, perturbé à rythme régulier par le Niño et la Niña, qui longe une côte de plus de 4300 km.
Et puis le Chili c’est aussi une multitude d’îles dont les plus connues, sont certainement l’île Robinson Crusoé, rebaptisée en référence au roman éponyme de Daniel Defoe, et bien sur l’île de Pâques avec ses mystérieux guetteurs.

Ces 700 000 km2, entre montagne et mer, initialement peuplés par des ethnies amérindiennes, les conquérants espagnols et finalement par à une forte immigration européenne, accueillent 17,5 millions d’habitants.
L’Europe a laissé une empreinte relativement importante à Santiago, au travers de la population, de l’architecture et certainement du mode de vie.
La plupart des Chiliens se regroupent dans la partie littorale alors que 80 % du territoire est composé de montagnes et de l’altiplano. Santiago du Chili et son agglomération forment une mégalopole de plus de 7 millions d’habitants avec ses difficultés de circulation et sa pollution chronique, malgré un réseau de métro particulièrement fréquenté et bien organisé. Chaque jour 40 nouveaux véhicules viennent ainsi se joindre à l’incessant balai motorisé….

Une circulation très dense
Quelques rues (un peu plus) calmes avec de belles demeures.

Les Andes sont riches en ressources naturelles et le Chili est devenu le premier producteur de cuivre au monde. Soixante pour cent des mines se situent en altitude à plus de 3000 m et doivent être accessibles toute l’année afin de pérenniser la production.
L’agriculture et l’élevage tiennent une place importante dans l’économie du pays et bon nombre de fruits et légumes que nous consommons en Europe ont fait le voyage depuis les plaines du Chili, les saisons étant inversées par rapport à celle de l’hémisphère nord cela nous permet, certes au prix d’un bilan carbone peu flatteur ! …..de disposer toute l’année d’un choix très large.
La pêche et la pisciculture (premier producteur au monde de saumons) se sont développées très rapidement et les vins chiliens ont fait leur apparition dans de très nombreux pays.
La croissance économique est forte de 6 à 7 % annuels, ce qui permet un développement du secteur du bâtiment important et les nouveaux quartiers de Santiago sont à l’image de tous les quartiers d’affaires du monde….

Quartier d’affaires à Santiago

Les projets d’infrastructures routières sont eux aussi en plein développement en particulier le réseau concédé, à péages, la construction des tunnels et des ponts.

Santiago bénéficie d’un climat méditerranéen

Si le climat de Santiago est méditerranéen avec des hivers doux, organiser un séminaire de viabilité hivernale, devient tout à fait justifié dès que l’on parcourt cent kilomètres, vers l’est.
On découvre là toutes les problématiques liées à la haute montagne, qui sont au cœur même des thèmes du séminaire. Il s’agit de la sécurisation des itinéraires (gestion des avalanches) et du dégagement des routes, qu’elles soient d’accès aux stations de ski, qu’elles permettent l’exploitation d’un site minier durant toute l’année ou bien, plus stratégiques, pour autoriser le passage des diverses frontières et les échanges économiques. Il s’agit aussi de gérer le trafic, principalement poids lourd, et d’informer les usagers.
Les séminaires de viabilité hivernale de l’AIPCR sont toujours des moments d’échanges privilégiés. Pour la première fois en Amérique du Sud, organisé sous l’égide de l’administration routière chilienne du ministère des travaux publics, de l’association chilienne des routes, du collège d’ingénieurs du Chili et du comité 2.4 viabilité hivernale de l’AIPCR, ce séminaire a eu lieu du 5 au 7 juin 2013.

La séance inaugurale s‘est déroulée sous la présidence de M Covarrubias Secrétaire d’Etat aux Travaux Publics avec M Fernandez directeur des routes, M Ropert président de l’association chilienne de la route, M Valdecantos secrétaire du 2.4, M Palmitjavila du comité d’organisation d’Andorre 2014 et M Giloppé président du comité 2.4.

La route 60 qui relie Chili et Argentine….

L’Asie, l’Amérique du Nord et l’Europe étaient au rendez-vous proposé par l’Amérique du Sud, les experts du comité 2.4 viabilité hivernale de l’AIPCR et les intervenants invités ont faire part de leurs expériences et des dernières avancées dans le domaine des pratiques, des organisations, des produits et des équipements.
Pour leur faire écho, les experts d’Amérique du Sud, ont présenté les approches développées pour faire face aux problèmes si particuliers des zones de hautes montagnes, dans un contexte de croissance économique relativement élevée et de création d’infrastructures nouvelles.

Chaînes obligatoires

Gérer la formation des congères, se prémunir des avalanches, en s’en protégeant ou en les déclenchant, déneiger de fortes épaisseurs de neige, permettre les accès aux stations de ski en assurant la sécurité des usagers, maintenir un trafic poids lourds malgré les adversités climatiques, autant de défis que les exploitants des réseaux en altitude ou dans des zones à climat rigoureux ont à relever.

Masaru Matsuzawa, conférencier japonais membre du comité 2.4, spécialiste des congères.

Plus de deux cent cinquante participants ont assisté aux conférences, proposées par une quarantaine d‘intervenants d’horizons très divers, des responsables de l’administration routière chilienne, des exploitants miniers, un médecin, des militaires, des exploitants routiers, des fournisseurs de matériels, des spécialistes de la gestion des avalanches, un gérant d’hôtel, des responsables de la direction des frontières, des universitaires, le comité AIPCR 2.4,…. tout un panel dont l’éclectisme a permis de mieux comprendre la complexité des approches et la nécessaire complémentarité entre tous les partis présents.
On citera l’exemple des avalanches qui illustrent bien ce propos. Il s’agit tout d’abord d’identifier les lieux et la fréquence des phénomènes, en faisant un historique, à partir d’archives, auprès des populations et des exploitants. On cherche à partir du terrain à modéliser, à partir de la topologie, la nivologie, du comportement mécanique de la neige, et à établir une notion de risque, ces informations sont ensuite cartographiées. Il s’agit alors de rechercher des approches préventives ou curatives qui se traduisent par la réalisation d’ouvrages réduisant l’impact (pare avalanches) ou protégeant la route (galerie). Des solutions d’exploitation existent aussi : il s’agit de déclencher préventivement les avalanches (Gazex, Gatex, dépose d’explosifs), viennent ensuite les équipes pour dégager la neige.
L’information, la gestion du trafic, la mise en convoi font aussi partie des mesures prises, cependant que dans certains cas, des équipes de secours doivent intervenir pour porter assistance aux victimes….

Gazex un système de déclenchement d’avalanche utilisé partout dans le monde

Les autres sujets n’étaient pas en reste, techniques de déneigement et de salage mais aussi approches plus politiques comme la gestion des itinéraires internationaux.

Un séminaire c‘est aussi l’occasion de mettre à l’honneur les personnels du pays hôte. Déneiger, plus qu’un travail, une vocation, ici Mario Ortega reçoit les honneurs et un petit cadeau de l’Aipcr pour plus de quarante ans au service des usagers de la route.

L’armée a activement participé et fait plusieurs présentations dont une particulièrement impressionnante sur l’ascension de l’Everest par une équipe chilienne ! L’exercice est intéressant, mais a aussi un coté pratique : n’oublions que le Chili a des voisins et les frontières sont pour la plupart situées en altitude….

Des militaires qui escaladent l’Everest et qui écoutent AC/DC…. !

Une visite technique à Portillo (environ 3000 m d’altitude), station bien connue des amateurs de ski, (en 1966 la France remporte 16 des 24 médailles mises en jeux et Jean Claude Killy gagne la première descente de sa carrière….), en empruntant la route 60 a permis de visualiser sur le terrain les véritables difficultés d’exploitation des itinéraires de montagne.

Exposition de matériel sur le site de Portillo dominée par des sommets de 5000 m.

Durant ces trois jours des expositions de matériels se sont déroulées sur les deux sites, Portillo et Santiago.
L’excellente organisation doit être saluée ainsi que la qualité des interventions. Gageons que les liens tissés sauront perdurer et que de ceux-ci naîtrons des coopérations pérennes au sein de l’AIPCR.

La France était bien représentée au Chili avec trois conférenciers (un bureau d’étude s’occupant de problématique d’avalanche, le responsable pour l’Europe du sud du développement et de la commercialisation de systèmes météoroutiers finlandais, (ndr : vous avez deviné !), et un représentant du Meddat)
Ce séminaire a été une très bonne entrée en matière pour le congrès international de Viabilité Hivernale qui se déroulera en Andorre en février 2014 auquel vous êtes bien sur vivement conviés.

Pour le comité viabilité hivernale 2.4
Didier Giloppé

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