Influence des fondants sur la flore

Article extrait de "Réduction de l’utilisation des fondants dans l’entretien hivernal" - OCDE - 1989 -

Influence sur la surface des végétaux- Mécanisme et répartition

La saumure rejetée sur les parties non enterrées des végétaux y fait entrer des ions qui provoquent des perturbations du métabolisme (par osmose, les plantes perdent de l’eau). Cela peut conduire à la mort des pousses, des feuilles, voire même de toute la plante. Durant la période de végétation, le chlore, qui s’est infiltré se concentre dans les feuilles, plus particulièrement sur les bords. Avant la chute des feuilles, il se propage dans le parenchyme des ramures, puis, l’année suivante, revient séjourner dans les feuilles. La chute de ces dernières n’est donc pas d’un grand secours pour la plante et le temps ne fait qu’aggraver les symptômes.

Les plantes endommagées en surface le sont suite à des éclaboussures ou au charriage d’embruns salés. Plus de 90% de l’embrun charrié salé se dépose sur un espace large de 15 m le long de l’autoroute. En s’éloignant du bord de chaussée, on constate une diminution exponentielle du sel déposé.

Charriage d’embruns salés

Distance par rapport au bord de chaussée Dépôt de sel pendant un hiver (g/m²) Valeurs moyennes
200 m 0,7
100 m 0,9
5 m 4,6
0 m (bords) 34,4

Dommages

Pour les feuillus et mélèzes en repos végétatif, c’est tout d’abord une partie des bourgeons, voire pousses jeunes, qui dépérit lors d’un contact direct entre eau salée et parties aériennes. Peu à peu, les fondants qui s’introduisent par les bourgeons, pousses jeunes ou blessures, provoquent des dégâts visibles, qui se reconnaissent à la couleur brune du cambium et des tissus. Ce n’est qu’au printemps, lorsque seuls quelques bourgeons subsistent et que la pousse est ralentie, voire arrêtée, que l’ampleur de dégâts s’accélère. La gamme des dommages constatés est très vaste ; elle peut aller de la mort du bourgeon jusqu’à celle de la plante entière en passant par tous les stades intermédiaires. On ne remarque que rarement la formation de bourgeons adventifs sur les branches endommagées.

Certains bourgeons exposés aux projections de saumure sont simplement retardés dans leur développement, sans qu’apparaissent sur les feuilles les symptômes caractéristiques des végétaux ayant absorbé du sel par le sol. Une comparaison des plantations sur un terre-plein central avec celles aux abords d’une route permet de constater un retard évident de végétation.

Quant aux végétaux à feuillage persistant et aux résineux, la décoloration des feuilles ou des aiguilles est le premier des symptômes, suivi du rejet de ces organes et d’un dépérissement des pousses attaquées, voire de toute la plante.

Lors d’une utilisation tardive des sels au printemps ou hâtive en automne, l’eau salée projetée sur les végétaux en feuille peut provoquer un rejet de celle-ci ou un dépérissement des plantes.

L’ampleur des dégâts par constat direct entre les parties aérienne des plantes et l’eau salée dépend de la combinaison d’un grand nombre de facteurs d’importance variable.

En ce qui concerne les fondants, l’époque pendant laquelle ils pénètrent dans les plantes a une plus grande importance que la quantité absolue pendant la période hivernale considérée. Ceci est valable avant tout pour la période du premier salage en hiver ou au printemps. Des recherches ont prouvé que la résistance plasmique des plantes au sel varie dans le courant de l’année ; elle est plus faible au printemps et au début de la végétation, au plus élevée pendant la pause végétative d’hiver. Par ailleurs, des essais de laboratoire ont montré que le contact prolongé d’eau salée avec les parties superficielles des plantes provoque des dégâts plus importants que des contacts multiples et de courte durée.

Les intempéries hivernales influencent en outre la sensibilité des plantes aux effets des fondants. Même les intempéries de la période de végétation précédente ne sont pas sans importance, étant donné qu’elles agissent également sur le développement et le degré de maturation des jeunes pousses, ainsi que sur leur pouvoir de résistance aux effets des fondants.

La taille et le genre des plantations déterminent l’ampleur des dégâts.

Jaunissement des bords de chaussée
Les végétaux ayant des branches jusqu’à leur base offrent des zones de contact aux fondant plus importantes que les arbres tiges. Les arbres sont surtout attaqués jusqu’à une hauteur de 2 m. Des dégâts peuvent toutefois être constatés à des hauteurs bien plus élevées.

Le problème principal des arbres contenant du sel de déneigement réside dans la difficulté en approvisionnement en eau. Conséquence des conditions osmotiques accrues que le sel fait régner dans le sol : les plantes ont plus de peine à trouver de l’eau. Il est vrai que durant les jours chauds et secs, les doses de sel minimes améliorent le pouvoir de rétention en eau des feuilles, grâce à une forte obturation des pores. En revanche, si la dose maximale est dépassée, la plante perd toute possibilité de régulariser son approvisionnement en eau. Elle transpire continuellement, aussi bien au moment le plus chaud de la journée que durant la nuit où, en temps normal, les pores devraient être refermés. Cette forte perte en eau va de paire avec la formation de trop fameuses nécroses au bord des feuilles. Un régime d’eau perturbé freine également le déroulement de la photo-synthèse et affaiblit la croissance. La formation, par exemple, des cernes annuels dans l’aubier en est très affectée et, suite logique, l’approvisionnement en eau par le tronc s’en trouve handicapé pour des années.

Le degré de résistance aux influences des fondants par contact direct sur les parties aériennes dépend beaucoup du genre de la plante. Des essais en laboratoire ont montré que certains végétaux disposent d’une protection naturelle contre la pénétration des ions chlore souvent nocifs. ¨Plus important encore semble être le fait que certaines plantes réagissent différemment à la pénétration des chlorures selon la résistance propre de leurs tissus.

Autre facteur modifiant positivement le degré des dégâts : la vitalité des plantes, spécialement jeunes ; Les plantes encore sous l’influence du choc de transplantation sont particulièrement sensibles aux effets des fondants. Ceci est valable, non seulement pour les plantes faites à l’automne de l’année précédente, mais aussi pour celles du printemps, spécialement lorsque les conditions météorologiques pendant la période de végétation sont défavorables et lorsque le premier hiver nécessite l’utilisation de grandes quantités de fondants. Il arrive alors qu’un pourcentage relativement élevé des plantes dépérissent ou que les nouvelles pousses ne dépassent que de très peu le collet.

Enfin, les conditions du sol jouent aussi un rôle dans l’importance des dommages. En effet, les plantes se régénèrent plus facilement dans un sol riche que dans un sol pauvre. A l’occasion d’essais consistant à traiter des végétaux du même genre dans des sols différents, avec une solution concentrée de chlorure de sodium, on constate que, pour un genre donné, les dommages varient beaucoup selon l’emplacement des plantes. Toutefois, ces différences ne prouvent pas qu’il existe une relation valable pour toutes les espèces entre la résistance aux fondants et la composition minéralogique du sol.

Recommandations pour le choix des végétaux

Le degré de résistance des végétaux aux effets des fondants dépend en grande partie du genre et de l’espèce. Des expériences ont démontré que, le long des routes à forte densité de circulation, les espèces suivantes sont très résistantes et donc, devraient être préférées à d’autre (dans la liste suivante ne figurent que les plantes dont on connaît les réactions sous divers climat) :
- Caragana arborescens - Caragana
- Lonicera xylosteum - Chèvrefeuille
- Ribes aureum - Groseiller à fleurs jeunes
- Rosa rugosa - rosier rugueux

Le long des routes faiblement ou moyennement fréquentées, d’autres espèces résistent mieux aux effets directs (contacts) ou indirect du sel (sol salé). On peut les planter en respectant néanmoins leurs exigences propres vis à vis du milieu.
- Acer campestre - Erable champêtre
- Carpinus betulus - Charme
- Eleagnus angustifolia - Olivier de Bohême
- Fraxinus excelsior (Aérochorie) - Frêne commun
- Hyppophae rhamnoides (Surgeons détruisant les revêtements) - Argousier
- Ligustrum vulgare « Atrovirens » - Troëne commun
- Quercus robur - Chêne pédonculé
- Ribes alpinum - Groseiller des Alpes
- Symphoricarpos albus var - Symphorine
- Viburnum lantana - Viorne lantane
- Viburnum opulus - Viorne obier

Près des chaussées, il faut choisir de préférence des arbustes résistants bien au sel, vu que les végétaux arborescents, de part leur tronc, portent atteinte à la sécurité routière.

La forte teneur en sel du terrain près des chaussées y fait tout spécialement régner des conditions écologiques inhabituelles et défavorables. Dans ce cas, pour disposer d’un assortiment de plantes assez varié, on peur utiliser les arbustes d’adaptant aux conditions locales. Ainsi, on ne tient que modérément compte du principe selon lequel le terre-plein central ne peut être planté que d’espèces indigènes.

Ces quelques remarques s’appliquent au domaine alpin ainsi qu’en Europe centrale. Dans les régions plus tempérées, il est possible d’employer soit les espèces susnommées, soit d’autres plus appropriées.

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